Cyrielle a été en stage pendant 6 mois à ATD. Elle a notamment animé la bibliothèque de rue de Saint-Gilles. Elle revient sur son expérience.
Pourquoi as-tu souhaité rejoindre l’animation d’une BDR ?
J’ai effectué un stage à la délégation auprès des institutions européennes d’ATD à Bruxelles. Par conséquent, j’ai fait du plaidoyer sur des questions et enjeux relatifs à la pauvreté. Or, cette mission ne pouvait avoir de sens que si j’étais en contact d’une manière ou d’une autre avec des personnes vivant la pauvreté. À cet égard, lorsqu’on m’a parlé des BDR cela m’a paru être une belle occasion de faire une action « de terrain » pour mieux appréhender et comprendre la pauvreté. De plus, d’un point de vue personnel, cela me semblait important de trouver un équilibre entre des missions « pratiques » en plus des missions « théoriques ».
Qu’as-tu découvert à la BDR ?
J’ai découvert à la BDR tout d’abord des enfants enthousiastes, plein d’énergie et curieux. Des enfants avec plus de difficultés que d’autres mais avant tout des enfants. En ce sens, j’ai compris l’importance de cette action tant pour les volontaires d’ATD que pour les enfants et parents avec qui on interagit. Cela renvoie au fil conducteur qui sous-tend l’ensemble des actions d’ATD – agir contre la pauvreté avec les personnes qui la vivent. La BDR constitue ainsi une belle action pour atteindre cet objectif. Enfin, cela m’a grandement rappelé l’importance de lire, à tout âge et le plaisir que cela peut procurer. Les livres sont importants, ils participent au développement de notre imaginaire, de notre curiosité, de notre culture et nous devrions passer plus de temps à lire que sur les réseaux sociaux.
Qu’est-ce qui a été difficile ?
À la fin d’une BDR, tu te sens vidé d’énergie car en 2h de présence, tu te donnes à fond. À cet égard, un des moments difficiles a été de gérer un comportement difficile d’un enfant, de me sentir démunie face à un enfant criant d’attention. Par ailleurs, au fil de la présence, une sorte de lien commence à se créer avec les enfants bien sûr, mais aussi avec les parents et grands-parents. Lorsque l’on apprend qu’un enfant ne reviendra plus car il a été placé, cela est très dur aussi mais surtout révoltant, ça donne envie de faire plus.
Qu’est-ce qui t’a plu ?
Beaucoup de choses m’ont plu à la BDR.
Tout d’abord, à partir du moment où j’ai commencé la BDR à la fin de mon expérience, des relations se sont créées et c’est ce qui est me semble essentiel et un des objectifs de cette action.
Des relations avec les enfants bien sûr, qui t’apprivoisent, qui apprennent à te connaître, que tu vois revenir plusieurs fois de suite, et un lien de confiance se crée au fur et à mesure.
Un lien de confiance qui existe également avec les parents, qui nous confient, le temps de quelques minutes leurs enfants, qui sont curieux, qui demandent des conseils sur les livres intéressants, sur les activités du quartier. Ils nous apprennent également énormément sur leur quartier, sur leur pays d’origine lorsqu’ils ne sont pas belges d’origine. Un joli moment a été celui où une maman nous apporté un très bon café chaud avec des gâteaux pour nous remercier d’être là et de lire avec ses enfants.
Des liens se créent également avec les autres acteurs de la place – les animateurs de rue, les gardiens de la paix, la responsable du PCS et ainsi, on observe une sorte de complémentarité entre nos différentes actions.
Avec quoi repars-tu de la BDR ?
Avec des photos qu’on a fait avec les enfants, soit à la porte de Hal, soit avec leurs livres préférés et le mien. Je repars le sourire aux lèvres d’avoir créé des moments d’échanges avec les enfants, les parents et les autres acteurs, ainsi qu’avec mes collègues de BDR. Mais je repars aussi révoltée qu’il n’existe pas plus d’opportunités culturelles. On apprend tellement avec les livres.