Carnet de bord d’une bibliothèque de rue
Et l’hiver, comment vous faites ?
La bibliothèque de rue du Bempt s’adapte aux conditions climatiques.
Sur le square, pas d’endroit où s’abriter un peu du froid mais surtout de la pluie. Des parents nous ont dit leur refus de laisser sortir les enfants par mauvais temps par crainte qu’ils ne tombent malades. L’impossibilité d’un enfant de nous rejoindre a suscité la proposition de prêt d’un livre, et la BDR s’est muée en version hivernale : le colportage de livres.
Nous sonnons chez les familles, un sac de livres pour enfants, un sac de livres pour adultes, un sac pour les livres rendus et des fiches de lecture, une par livre comportant déjà le titre, le prénom et la date d’emprunt, une colonne pour la date de retour et aussi au dos de chaque fiche, une copie de la couverture de l’ouvrage pour aider les plus jeunes à se rappeler du livre emprunté quand on repassera la semaine suivante. Comme un apprentissage de l’emprunt tel qu’il se pratique dans les bibliothèques communales ?
Souvent l’accueil est chaleureux, c’est un moment d’échange autour du livre, mais aussi des nouvelles et de la vie qui va.
L’envie de lire, tant chez les adultes que chez les enfants, est présente. Nous recevons les avis des lecteurs, petits ou grands, quant au genre souhaité, à la difficulté du texte, à la fragilité des livres entre les mains des petits … Toutes indications précieuses qui nous permettent d’ajuster l’offre : livres cartonnés costauds pour les plus jeunes, BD pour un adolescent, histoire avec un escargot pour un bambin, policiers pour une maman et un papa, …
Alors que beaucoup semblent heureux de cette mutation hivernale de la BDR, nous nous interrogeons sur les raisons de l’accueil glacial reçu dans l’une des familles. Les livres qui y avaient été empruntés, avec enthousiasme et dans la bonne humeur, nous sont remis en parfait état et pourtant la maman, visage fermé, ne souhaite plus que ses enfants en empruntent. Elle craint qu’un de ses fils ne les abime. Notre proposition de revenir la semaine prochaine avec des livres costauds ne semble susciter aucun intérêt. Pourquoi ? Que se passe-t-il ? Nous espérons qu’un jour des mots pourront être mis sur ces difficultés de rencontre.
Écrit le 8 janvier 2015, par Michèle Vleminckx