La semaine passée, Céline et moi avons passé deux jours à Andenne, dans le cadre du Tour des Écoles qu’organise la COJ, en compagnie de plein d’autres organisations de jeunesse (OJ).
Cette fois-ci, c’est un peu différent. Ces deux jours de formation sont destinés à la fois aux élèves et à leurs profs, et tout ce monde ne vient pas que de l’école Ste Begge, où les ateliers ont lieu, mais d’une dizaine d’écoles en Wallonie-Bruxelles.
Cette fois-ci, ceux et celles que nous rencontrons ne sont pas de futurs instits, mais sont en techniques d’animation, se destinant, officiellement, à des métiers de l’animation.
Officiellement, parce que quand une autre OJ demande aux jeunes qui, parmi eux, se destine à être animateur, la réponse est : personne.
Notre atelier est conçu pour échanger avec les jeunes à la fois sous l’angle professionnel : leur faire découvrir des outils d’animation, réfléchir sur des questions se posant dans une vie de groupe… mais aussi sous l’angle personnel. Nous voulons échanger avec eux comme les citoyens qu’ils sont.
Du coup, si pas grand-monde ne veut être animateur, ça nous va aussi – pour l’atelier. Plus profondément, ça nous pose de sacrées questions.
On commence par une mise en situation, où un-e participant-e doit intégrer un groupe, et le groupe lui, doit l’en empêcher.
A chaque fois, quasiment, deux éléments ressortent : personne n’a essayé de se parler ; tout le monde a suivi les règles.
On échange sur ce que chacun a vécu. Pour celui ou celle qui s’est retrouvé-e rejeté-e, « on se demande pourquoi nous« , on se sent « désespéré », « sans solution ».
Pour une jeune fille qui parvient à entrer dans le groupe, « ils ne le voulaient pas, donc je ne me sens pas à ma place ». Un autre ayant réussi, s’est senti lui, « soulagé. On n’est plus celui qui est observé, on est rentré dans le tas.«
Le groupe, quant à lui, se questionne dans l’attitude adoptée. « On se sentait supérieurs, puissants », « on était en sécurité », « on s’est tous aidés, on était soudés« .
« On leur a dit de rejeter une personne et eux, ils ont obéi« , note une observatrice.
Leurs sentiments envers la personne exclue sont partagés, entre moquerie – « t’as pas d’amis » – violence et pitié. « Moi je ne me sentais pas trop bien, à la fin, j’avais pitié donc j’ai proposé de la laisser entrer. » commente un jeune.
On en arrive rapidement à ce que le jeu évoque. « Ca fait penser à la vie de tous les jours, à ce que certains vivent au quotidien » dit un des jeunes.
On écrit leurs réflexions sur une affiche : « Quand une personne est différente, on a tendance à la rejeter« , « Ceux qui étaient en groupe ne ressentent pas l’exclusion, car ils sont bien », « Il y a quelqu’un dans l’école qui subit ce genre de moquerie, de toute l’école« . Des constatations énormes, et pourtant simples. On espère que les écrire en toutes lettres permettra de mieux se questionner.
Dans certains groupes, des profs sont mélangées aux élèves. Elles aussi partagent leurs préoccupations : « quand on est prof, et qu’on fait des groupes, on stresse qu’on risque de mettre quelqu’un à l’écart.« .
Quelle cause à l’exclusion ? Une fille réagit « Ce n’est pas qu’une question de classe sociale« . « Quand même,« , intervient discrètement un autre participant « quand on voit quelqu’un qui est SDF, on a moins tendance à l’aider que quelqu’un en costard…. »
Dans un autre groupe, un jeune commente aussi « Le milieu social dans lequel on a été élevé joue. On prend des gens de haut, comme les immigrés, alors qu’ils ont connu des choses qu’on ne connaît pas, pour venir jusqu’ici.« .
On en arrive aux clés, qui permettront de mettre fin à l’exclusion. On cite l’empathie, l’éducation depuis tout-petit à la différence, les voyages scolaires pour créer des liens, l’estime de soi et le soutien, que certains ont trouvé auprès d’un ami ou d’un coach sportif bienveillant.
Pour une des profs, « il faut que ça soit la personne d’un groupe qui agisse, pas le timide, l’exclu. »