Si vous étiez à Bruxelles pour la Journée mondiale du refus de la misère le 17 octobre dernier, vous avez peut-être entendu le témoignage des jeunes de la Dynamique Jeunesse d’ATD Quart Monde.
« Nous nous adressons à vous aujourd’hui car nous voyons que beaucoup de jeunes sont touchés par la pauvreté : ceux qui ont des relations familiales compliquées, ceux qui se font virer de chez eux avant d’être prêts, ceux qui ne trouvent pas de travail. »
Nous avons des choses à dire et nous voulons contribuer !
À l’image du collectif « Rendre Visible l’Invisible », qui organisait la journée à Bruxelles, nous voulions faire entendre la voix des jeunes investis avec ATD. Que cette parole soit écoutée et prise en compte nous semble être un préalable indispensable dans la construction d’une société qui ne laisse personne derrière. Or dans notre groupe, beaucoup expriment le sentiment inverse :
« Quand on est jeune, on nous renvoie notre manque d’expérience, on a l’impression que notre parole et nos connaissances valent moins que les autres. »
Ensemble, nous avons donc décidé d’écrire un texte pour nous faire entendre. Au départ de celui-ci, nous nous sommes posé la question « qu’est ce qui nous empêche d’avancer dans la vie ? ». Nous en avons discuté au cours de différentes rencontres et ateliers et avons identifié certains nœuds qui posent problème aux personnes du groupe.
Le prix de l’indépendance
« La jeunesse, c’est un moment où on voudrait pouvoir devenir indépendants et libres mais l’indépendance a un coût. Il faut trouver un travail, un logement, faire des démarches, remplir des papiers. Beaucoup d’entre nous ne sont pas bien préparés à ça. »
Il y a une tension entre l’envie d’être autonome et les possibilités réelles de s’autonomiser. Les jeunes ne sont pas égaux face à cela et beaucoup ne peuvent pas entrer sereinement dans la vie d’adulte. De plus, en sortant de l’école, ils·elles ne se sentent pas assez outillé·e·s pour faire valoir leurs droits.
« Nous connaissons mal nos droits et les moyens de les faire appliquer.
Ça serait bien qu’à l’école, il y ait des professionnels du CPAS, du FOREM, … qui viennent nous expliquer comment faire nos démarches, qui nous préparent à ce qui se passe après »
L’école renforce les inégalités
Dans notre groupe, nous avons également remarqué que l’école n’a pas été un tremplin vers cette autonomisation, notamment parce qu’elle n’a pas été capable d’écouter les envies et besoins de chacun·e.
« Nous n’avons pas vraiment le choix de l’orientation qu’on prend. Certains sont poussés très jeunes vers l’enseignement spécialisé ou des formations techniques. D’autres sont poussés à aller à l’université même si ça ne leur convient pas. On ne prend pas en compte les envies, les capacités, les passions des jeunes. »
Difficulté à trouver un travail
« Ça fait un moment que je recherche un job mais je me fais tout le temps recaler car je n’ai pas d’expérience »
À nouveau, face à la recherche d’emploi, tous les jeunes ne partent pas avec les mêmes chances. Malgré la grande volonté des personnes du groupe qui cherchent, elles ne parviennent pas à trouver.
« La motivation et les compétences ne suffisent pas. Quand on n’a pas un bon réseau familial et du soutien, il faut compter sur la chance pour trouver un stage ou du travail »
La pression sociale nous étouffe
« A notre majorité, faire de bonnes études, trouver un travail et acheter une maison, c’est le seul modèle que la société nous propose et valorise. Au début ça prend la forme de petits conseils, des questions qu’on nous répète et ça finit par devenir une pression qui nous bloque. Cette pression sociale génère du stress. »
Maintenant que l’on a posé ces constats, nous voulons continuer à nous réunir et agir ensemble pour voir comment avancer sur ces différentes thématiques. Ce processus d’écriture nous aura déjà permis d’être solidaire, de s’écouter et de réaliser que l’on n’est pas seul·e à vivre ces difficultés. En se mettant ensemble et en montrant que le problème n’est pas d’ordre individuel, on a déjà plus de chances de faire bouger les choses ! Après avoir présenté ce texte le 17 octobre à Bruxelles, d’autres jeunes, extérieurs au groupe et avec un vécu différent, sont venus nous dire que le contenu leur avait parlé.